Extrait du journal d'Angélique Richard, fille d'Acadie :
Le 7 mai 1755
Victor est parti! Papa et lui se sont affreusement disputés, hier. Je les entendais crier jusque dans le poulailler où je me trouvais. Même les deux terreurs, qui étaient en train de jouer dans le sable au milieu de la cour, se sont arrêtées pour écouter. Quand je suis revenue à la maison, j'ai vu papa et Victor qui étaient tous les deux rouges de colère. Maman était assise toute raide sur sa chaise, au coin du feu, en train de tricoter avec frénésie. C'est ce qui m'a le plus inquiétée. Elle ne prend jamais le temps de s'asseoir durant la journée. Dans un coin, Saucisse cardait de la laine. Ses grands yeux bleus étaient ronds comme des soucoupes et pleins de larmes. Quelle braillarde! Elle ne supporte pas les chicanes.
Papa a crié à Victor qu'il allait tous nous mettre en danger face aux Anglais. Victor lui a répondu, en criant tout autant, que nous sommes déjà en danger. Que le gouverneur Lawrence nous déteste parce qu'il veut s'emparer de nos terres pour les redonner aux colons à face de lune qui arrivent de la Nouvelle-Angleterre. Et que nous devons agir, au lieu de rester plantés là à attendre qu'on nous emmène comme un troupeau de moutons.
Copyright © Sharon Stewart, 2004.
Copyright © Éditions Scholastic, 2004, pour le texte français.
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